Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas

Publié le par delivresetdeaufraiche

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Le quai de Ouistreham est un document « choc » sur la précarité croissante dans le monde du travail.

Florence Aubenas a voulu comprendre les effets sur l’emploi de la crise financière qu’elle n’a de cesse de commenter en tant que journaliste au quotidien Libération. Pour ce faire, elle s’est littéralement fondue dans l’identité d'une femme d’une cinquantaine d’années, sans diplôme, contrainte à trouver un emploi suite à sa séparation d'avec son conjoint.

Elle a choisi la ville de Rouen, qui lui semblait de taille moyenne, ni trop proche ni trop loin de la capitale, qui par ses aspects de « ville moyenne » lui est apparu comme le terrain d’expérimentation idéal. Elle y a loué une petite chambre et a démarré ses recherches d’emploi en se rendant au Pôle Emploi, où elle a déchanté d’entrée de jeu… Elle comprend rapidement que le seul emploi auquel elle peut prétendre est celui de femme de ménage. Et encore, pour quelques heures par semaine. Et encore, si elle a de la chance et si elle parvient à « faire ses preuves ».

Rien n’est épargné au lecteur : la détresse des demandeurs d’emploi, l’anonymat de l’accueil des services publics de l’emploi et leur prise en charge plus qu’approximative des dossiers, les abus des employeurs et l’omerta qui règne dans les rangs des employés : « à quoi bon, c’est la crise… ».

Les personnages sont attachants : les « compagnons de galère » de Florence sont désarmants de bonne volonté mais finissent tous, à des niveaux différents et plus ou moins marqués, par être broyés par un système qui les écrase entre une exigence de rentabilité extrême et une reconnaissance inexistante.

C’est avec un vrai malaise que j’ai lu ce livre, qui lève le voile sur cette France qui certes « se lève tôt » mais qui n’en est pas moins laissée pour compte. Certes, ce ne sont pas les qualités littéraires de cet ouvrage qui font mouche. Peu importe d’ailleurs : l’auteur n’a pas pour ambition d’être écrivain, mais se pose en éclaireur. La construction est néanmoins intéressante, l’écriture relativement agréable et non dénuée d’humour noir.

Un bon moment de lecture, difficile parfois mais salutaire dans les questions qu’il soulève sur ce qui fait (encore) sens dans notre société, et dans le monde du travail en particulier.

 

Editions de l'Olivier, février 2010

Publié dans Bien aimés...

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H
<br /> J'avais été déçue par cette lecture, effectivement trop peu littéraire pour moi...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je peux comprendre qu'on soit déçu, c'est un documentaire et l'écriture est parfois approximative, en tout cas très journalistique, c'est vrai... Mais comme je m'attendais à ça, j'ai été séduite<br /> par le témoignage et le courage de F. Aubenas. J'ai surtout admiré qu'elle aille vraiment jusqu'au bout de son personnage en se mettant littéralement dans sa peau !<br /> <br /> <br /> <br />