Hors jeu, de Bertrand Guillot

Publié le par Caroline

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Ou comment prendre l’eau aux côtés d’Olivier Minne…

 

Oui, vous avez bien lu : ce cher Olivier Minne, bien brave présentateur, toujours enjoué et un peu oublié, qui fit les grandes heures d’inoubliables émissions de télé est l’un des personnages centraux de ce roman, aux côtés de notre narrateur, jeune émoulu de l’« Ecole » et publicitaire déjà au chômage à 25 ans. Que voulez vous, ma bonne dame, c’est la crise. Et la crise, elle n’a même pas la délicatesse d’épargner ces jeunes pourtant pleins d’avenir (et d’eux-mêmes, c’est ce que tente de nous démontrer de manière plus qu’appuyée ce pensum sur 150 pages laborieuses).

Cynique, fêtard et un peu paumé (je vous avais prévenu : ne s’attendre à rien d’autres qu’un amas de clichés. Ni plus, ni moins.), Jean-Victor a les dents qui rayent le parquet. Quand sa boîte de pub le licencie, il est si arrogant et détestable qu’il ne retrouve pas de travail. Comprenez qu’il vaut bien mieux qu’eux tous, pauvres « dominés », et ne peut accepter des conditions qui ne seraient pas les siennes.

Alors, pour continuer à se poser en vainqueur, on utilise les moyens qu’on peut. Et ce sera une participation au jeu télé dudit Olivier Minne, « La Cible ». Objectif : gagner (qu’alliez vous imaginer ?)  Et tout mettre en œuvre pour y parvenir. Au passage, bien entendu, ledit Jean-Victor trouvera l’amour, nous apprenant avec fracas que la vraie victoire n’est pas toujours celle à laquelle on aspire.

 « Pitoyable » serait le seul qualificatif qui me vient à l’esprit pour résumer cette pauvre farce, complètement indigne d’avoir même été publiée. Rien ne sauve ces pages, au style d’une indigence fort heureusement rarement rencontrée ailleurs.

 Je ne saurais même parler de style, puisqu’il n’y en a tout simplement pas, tout comme il n’y a à ces lignes aucun intérêt manifeste.

 "La zone non-frimeurs était une avancée sociale récente dans le monde dominant de l'Image. Les modern-serfs (graphistes, secrétaires, stagiaires) s'étaient ménagés un espace d'oxygène à l'écart des flashes et des podiums et y évoluaient comme d'humbles poissons dans un aquarium sans accessoires." (p.144)

 "La suite de la soirée n'a été qu'un long baiser. J'aurais voulu terminer la nuit chez elle, j'avais tellement envie d'entrer dans son monde, mais elle a insisté. Je ne pouvais pas lutter." (p.277)

J’ai cru, au vu des billets flatteurs sur le récit de Bertrand Guillot récemment paru (ici, , ou encore là-bas), que je passerais un bon moment avec ce roman. Bien mal m’en a pris. Je me suis forcée pour poursuivre ma lecture, tentant de me ressaisir à chaque page en songeant que la prochaine ne saurait en toute décence être plus indigne que la précédente. Las, je confirme : ce roman est bien d’une désespérante nullité. A fuir de toute urgence.

 

Editions du Dilettante, 2007, et en poche (J'ai Lu), septembre 2010

Publié dans Pas aimés !

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