Féroces, de Robert Goolrick
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Féroce, ce livre l’est en effet. Il est même bien plus que cela : il est corrosif, acide, noir, très noir. A tel point que si j’ai été intriguée au début par cette description peu commune de l’envers du décor de la bourgeoisie américaine, j’ai rapidement eu du mal à poursuivre ma lecture, et que j’ai fini par abandonner ce roman, chose peu commune pour moi…
Prise de stupeur face à cette peinture corrosive de la déchéance d’une famille apparemment bien sous tous rapports dans la Virginie des années 50, j’ai eu beaucoup de mal à ne pas sauter des passages entiers tant ils sont durs et amers.
La blessure à vif du narrateur court tout au long de ces pages, en filigrane desquelles on pressent l’indicible, jusqu’à ce qu’il fasse jour… C’est à ce moment-là que je n’ai plus pu supporter de lire la suite du récit, écœurée, quasiment jusqu’à la nausée.
Le récit de cette enfance fauchée par les secrets bien gardés de cette famille perversement parfaite aux yeux du monde a pour moi été insoutenable, et la haine qui ourdit ces pages est telle que je n’ai pas réussi à poursuivre ce livre désillusionné, aux pages très crues.
Je reconnais à ce roman des qualités narratives. L’histoire est saisissante, mais l’auteur m’a semblé se complaire dans l’atrocité. Tous les membres de la famille boivent, leurs morts sont macabrement mises en scène, jusqu’à la façon outrée dont est révélé le secret le mieux gardé des Goolrick…
J’ai ressenti la volonté de l’auteur de faire que ce livre soit le plus dérangeant possible. A ce niveau-là, son pari m’a semblé pour le moins réussi ! J’ai aussi aimé la thématique de l’écriture qui sauve de la mort, de la création comme un pansement toujours bancal et que l’on ne maîtrise que rarement, mais je garderai un mauvais souvenir de cette lecture, définitivement trop féroce pour moi.
Editions Anne Carrière, août 2010